Dossier master (M.Braud)

Introduction

Le domaine de la recherche se détache véritablement du parcours scolaire-universitaire : en effet, jusqu'à la licence, l'étudiant a suivit un parcours classique : il accumule des connaissances et les restitue lors d'un examen, et ce, depuis qu'il est entré dans le système scolaire. Certes, l'arrivée dans l'université marque une transition : on devient plus responsable, on a choisi la filière pour laquelle on se sent des affinités, mais malgrès tout, le principe reste le même : c'est pour cette raison que lors de la période d'examens, les salles de la bibliothèque, étrangement, se remplissent, phénomène qui ne peut se reproiduire pour un étudiant de master : il serait en effet incohérent de se consacrer à son mémoire de master au mois de mai.

C'est pour cette raison que je suis convaincu que lorsque l'on choisi d'intégrer le domaine de la recherche, on le fait avant tout par goût, en ayant conscience que le mémoire que l'on va rédiger devra apporter un "savoir" supplémentaire aux archives de l'université : nous n'en sommes plus au stade de remplissage de papier pour valider un dipplôme.

Aussi est-ce par goût que j'ai opté pour les lettres classiques et, par la suite, à la recherche dans cette filière : j'étais en effet très motivé à l'idée de travailler sur un sujet que j'aurais moi-même choisi.

C'est ainsi que j'expliquerai dans ces quelques pages les raisons de mes motivations, de mes choix. J'exposerai ensuite le travail effectué lors de mon premier semestre de Master.

I-La recherche dans la littérature.

Il est difficile, pour un étudiant en lettres, en particulier dans cette époque où économie et rentabilité priment sur les autres domaines, de justifier la raison pour laquelle il a choisi sa filière, ce qui aboutit au fait que lorsque ce même étudiant est convié à des réunions ou des repas de famille, il a de très grandes chances de se voir poser des questions du type "Pourquoi les lettres? Cela ne sert à rien, très peu de débouchés, etc...". C'est alors qu'il faut se lancer dans une argumentation poussée pour convaincre un interlocuteur qui ne semble pas toujours être sur la même longueur d'ondes que nous : il va en effet s'avérer difficile, par exemple, de lui expliquer que dans les lettres il y a l'idée, l'imagination, et que sans cela, l'écran plat qui orne son salon ne diffuserai qu'un simple fondu noir ou, en substitut, des films sans scénarios construits, véritables coquille vides lobotomisant le spectacteur, ce qui semble d'ailleurs clairement se manifester lorsque nous pressons le bouton de notre télévision à certaines heures de la journée.

En effet, contrairement à une école de commerce ou de sciences qui vont offrir un résultat concret (i.e une amélioration à la Bourse de Paris ou un nouveau produit augmentant le confort de la vie courante), la recherche en littérature offre des résultats plutôt abstraits : concret et abstraits ne sont pas inférieurs ou supérieurs l'un par rapport à l'autre, c'est juste qu'ils offrent une approche, une utilité différente. Malheureusement, les résultats abstraits comme ceux offerts par la recherche dans la littérature semblent être moins pertinent aux yeux de la plupart dans la mesure où ces derniers ont une approche plus physique, plus matérialiste de la vie.

Le rôle de celui qui s'investit dans la littérature, c'est de décrypter les écrits qui ont une signification selon les lieux, les cultures, les époques où ils ont été conçus. A travers les textes, il y a l'idée, l'imagination selon le vécu, la nature de l'individu, on a crée une autre ère avec notre avancée technnologique, mais malgrès cela , nous ne pouvons toujours pas contrôler la pensée, l'idée, et c'est pour cela que nous ne pouvons pas savoir comment un cerveau humain va réagir car ce dernier est animé par un "quelque chose" qui nous échappe (cela peut être la croyance en une religion, ou une conviction, par exemple, mais aussi un élément autre). Or, ce "quelque chose" que nous ne parvenons pas à définir est en partie derrière le monde littéraire : ignorer ce dernier revient à faire abstraction des pièces qui constituent cet immense puzzle qu'est la "psyché" humaine. C'est pour cela que la recherche littéraire n'a pas de fin, on met à jour de nouvelles découvertes, mais au fond de la galerie subsiste toujours un point d'interrogation.

II-Mon sujet de master.

Je savais déjà, dès mars de l'année de licence, quel sujet je prendrais si j'entreprenais un master. Cependant, j'ai dû monopoliser toutes mes ressources lors de la licence, ce qui s'est résulté par un travail intensif jusqu'au mois de juin. J'ai ensuite pu me pencher sur mon sujet de master et le présenter à mon directeur de recherche.
Plus précisément, j'avaispensé à deux sujets de master, car j'avais émit l'hypothèse que ma première idée ne serait sans doute pas satisfaisante, peut-être même trop légère pour un travail dans le cadre universitaire. Mon premier sujet consistait à me lancer dans l'étude d'un monstre mythologique : l'Hydre<; <quand au deuxième, il s'agissait de "La mort vue par les grecs". Néanmoins, après une entrevue avec mon directeur de recherches, il fût décidé d'un commun accord que mon master porterait sur l'Hydre, la mort étant un sujet ayant été plus que travaillé.

Avoir voulu entreprendre une étude sur l'Hydre n'est pas dû au hasard, bien évidement : cela résulte de ma passion pour les mythologies antiques (c'est ce qui a justifié par ailleurs mon choix pour les lettres classiques). Les mythes sont une partie de l'homme que nous ne pouvons ignorer : ils sont à l'origine des rites, des religions que les civilisations ont manifesté dans les divers endroits du monde. Les mythes marquent la pensée humaine, ils démontrent que les hommes croient en quelque chose qui échappe à l'ordre physique de notre monde : on ne peut en prouver scientifiquement l'existence, mais il semble inéluctable que l'univers qui nous entoure a été construit par une puissance (dieux, esprits, géants...) qui nous observe ou, si c'est le cas de deus otiosus[i] (dieu qui crée le monde puis s'en détache, laissant d'autres dieux s'en occuper) par diverses entités surnaturelles.

Je pouvais orienter mes recherches sur la littérature grecque ou latine : l'Hydre figurant en général dans les travaux d'Hercule et apparaissant en Grèce sous le nom d'Hydre de Lerne, il semblait effectivement judicieux d'opter pour la littérature grecque. Mais ce n'est pas ce point qui a véritablement fait pencher le plateau de la balance : mon master ne porte en effet pas sur l'Hydre de Lerne mais l'Hydre en elle même, c'est à dire que j'étais aussi intéressé par l'origine de se monstre mythologique : ses premières apparitions, ses premières esquisses, pourquoi une créature de ce type, etc... Aussi fallait-il que je me rapproche le plus possible des civilisations antiques : comme la civilisation grecque est antérieure à la civilisation latine, le choix ne se discutait pas. De plus, les monstres mythologiques étant moins renommés que les dieux ou les héros grecs, la marge d'étude était relativement large.

Je me suis souvent demandé quelle était la place du monstre mythologique dans les récits antiques (et par conséquent, dans les mythes et contes qui ont suivi). En effet, le héros, sans le monstre, ne peut démontrer sa valeur, son courage, s'il n'y a pas cette créature maléfique qui terrorise son entourage en ravageant la contrée ou en exigeant un tribu régulier de victimes humaines. Le monstre constitue une épreuve, que seul les plus courageux et les plus forts pourront passer : on a en effet bien une alliance de deux qualités primordiales : le courage et la force, car dans bien des mythes, le monstre a souvent fait trépasser plusieurs guerriers qui avaient donc la première qualité pour l'affronter mais pas la deuxième (ou du moins pas suffisament) pour le terrasser.
Plus qu'une épreuve de courage et de force, les monstres mythologiques, avec leurs caractéristiques diverses (souffle ardent, peau invulnérable, régénération accélérée...) représentent aussi les vices, les pulsions malsaines tapis dans le coeur des héros contre lesquels ces derniers doivent lutter, d'où le fait que nous ayons des créatures terrifiantes et dévastatrices. L'Hydre de Lerne, par exemple, avec ses nombreuses têtes qui agressesnt l'adversaire, peut symboliser la furie meurtrière dont Héraklès fait preuve lorsqu'il y succombe (il s'agit du furor), massacrant alors ses enfants.

III-Les recherches

Il serait superflu de parler d'Internet : les informations trouvées sur l'Hydre sont trop légères, voir parfois infondées pour être comprises dans un dossier de master. Les livres sont véritablement la seule source d'information satisfaisante pour le travail demandé.
J'ai donc lu en détail tout ce qui me parlait du deuxième travail d'Héraklès (i.e : combattre l'Hydre) ainsi que l'épisode de Nessos (car la tunique de Nessos, dans certaines versions, doit son philtre mortel au venin de l'Hydre de Lerne), je me suis aussi penché sur le passage concernant le centaure Chiron blessé par une flèche imprégnée de venin ainsi que celui relatant l'aventure de Philoctète, blessé de la même façon. Conseillé par mon directeur de recherche, j'ai également consulté le Dictionnaire des mythologies de Pierre Grimal, qui m'a fourni des renseignements non-négligeables (notament les liens de parenté entre les monstres mythologiques). J'ai noté au fur et à mesure toutes les idées qui me venaient à l'esprit tout en relevant les passages succeptibles d'être intéressants.